Soyons ironiques : c'est le moment d'acheter un 4X4 ! La taxe carbone gît au fond d'un puits de pétrole et le gouvernement lève la pédale sur le bonus-malus qui favorisait l'achat de petites voitures peu voraces. Cette mesure avait permis à l'Hexagone de figurer parmi les meilleurs élèves de l'Europe en matière de rejets de CO2 : une médaille verte pour la France, c'était trop beau pour être vrai, ce ne sera plus vrai très bientôt !
Et dire que ce Grenelle de l'environnement devait être la révolution verte à la française ! Avec la quasi-bénédiction d'un des chouchous des Français, Nicolas Hulot, qui disait-on, avait réussi à convaincre le candidat Sarkozy de la nécessité de changer profondément nos habitudes en matière d'environnement. On allait voir ce qu'on allait voir, un quinquennat résolument vert et novateur.
Las ! Toutes ces belles mesures sont passées les unes après les autres au tri sélectif. C'est comme dans un budget familial : quand la fin de mois arrive, pour serrer la ceinture, on supprime le superflu.
Mais est-ce que l'écologie, c'est vraiment du superflu ? Pour le gouvernement, oui, certainement, vu la désinvolture avec laquelle il ne respecte pas ses propres engagements.
Non, certainement pas, pour tous ceux qui prédisent, parfois sans doute avec des accents de Cassandre, que l'on paiera très cher demain nos gaspillages d'aujourd'hui. Et qui à présent ont l'impression d'avoir été dupés.
En vidant de sa substance le bonus-malus, après avoir renoncé à la taxe carbone, le gouvernement lance indirectement un message : l'écologie, il s'en contrefiche. On peut la sacrifier en premier sur l'autel de la crise. D'autant plus que les mesures de protection de l'environnement, coûteuses ou contraignantes, sont rarement populaires. Et en ce moment où le climat social est électrique, fâcher les seuls écologistes est un moindre mal. Tant pis pour la pédagogie, tant pis pour l'exemple aux générations futures, tant pis pour le courage.
La France (et tout particulièrement son actuel président) a une fâcheuse tendance à donner des leçons au monde entier. En matière d'écologie, elle aura désormais intérêt à faire profil bas. Logiquement, après tous ces renoncements, à l'occasion d'un remaniement, Nicolas Sarkozy pourrait très bien prendre comme ministre de l'Environnement le climatosceptique Claude Allègre, que l'on a donné si souvent comme futur membre du gouvernement.
Là, au moins, on serait dans la cohérence.
La Dépêche du Midi par Dominique Delpiroux
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