vendredi 12 novembre 2010

Les Assises du nouveau mouvement écologiste

Après un quart de siècle d'existence, les Verts disparaissent. Ou du moins se fondent dans un nouvel ensemble dont le nom sera connu ce week-end. Lors d'« assises constituantes » à Lyon, les Verts et Europe Ecologie vont en effet fusionner. Une nouvelle étape importante pour l'écologie politique en France. « Guest star » de ces deux jours, Nicolas Hulot fera un retour remarqué sur la scène politique en prononçant un discours. Les militants Verts ont accepté à 85,1 % leur « dissolution » dans un mouvement plus grand. Seul bémol, la participation : avec 3.900 votants, moins d'un militant sur deux s'est déplacé. « A ceux qui pouvaient craindre des Verts sectaires, fermés, boutiquiers, le résultat du référendum est un démenti à la hauteur de la violence de certaines attaques », insiste Cécile Duflot. Concrètement, « ce week-end sera actée une direction transitoire jusqu'au mois de mai, dont je serai la secrétaire nationale, avec un bureau exécutif composé d'une vingtaine de membres et un conseil fédéral transitoire de 240 personnes, explique-t-elle. Il sera sans doute présidé par l'eurodéputé Jean-Paul Besset [NDRL proche de Nicolas Hulot]. Au mois de mai un congrès désignera nos instances pour les trois années suivantes. »

Pourquoi Europe Ecologie et les Verts fusionnent-ils ce week-end ?
Nous voulons créer le mouvement politique de l'écologie qui sera à la hauteur d'un nouveau défi : la conquête de la majorité. Notre objectif n'est plus d'être une force complémentaire ! Pour cela, nous devons, tout d'abord, affermir notre projet et parvenir à un mouvement unifié de l'écologie et, ensuite, réduire la fracture entre les citoyens et la politique. Dans cette future organisation, à la fois coopérative et parti politique, dont le nom sera connu ce week-end, différentes formes d'engagement seront possibles. ll y aura des coopérateurs, qui pourront s'engager sur des sujets précis mais qui ne voudront pas participer à la vie interne du parti, et les adhérents du parti.

Ces 'coopérateurs' pourront-ils participer à la désignation des candidats ?
Cela n'est pas encore décidé. Notre organisation sera réévaluée dans un ou deux ans. D'ici là, il faudra s'interroger pour savoir si les gens qui ne sont pas prêts à participer aux processus internes du parti seront prêts à désigner les candidats.

Quel est l'apport de la mouvance qui n'est pas issue des Verts ?
Dans ce rassemblement nous ont rejoint des gens qui ne sont pas historiquement écologistes. Ils ont enrichi notre vision, notamment sur des questions où nous étions moins aguerris, je pense, par exemple aux questions de justice, aux sujets économiques, à la défense… L'écologie politique est une grille de lecture pour l'ensemble des sujets économiques, sociaux et, bien entendu, environnementaux.

Comment va être dirigé ce nouveau mouvement ?
Ce week-end sera actée une direction transitoire jusqu'au mois de mai, dont je serai la secrétaire nationale, avec un bureau exécutif composé d'une vingtaine de membres et un conseil fédéral transitoire de 240 personnes. Il sera sans doute présidé par l'eurodéputé Jean-Paul Besset (NDRL proche de Nicolas Hulot). Au mois de mai un congrès désignera nos instances pour les trois années suivantes. Les militants Verts ont voté cette semaine a plus de 85% en faveur de cette évolution. C'est un vrai succès.

La candidature d'Eva Joly à l'élection présidentielle est-elle actée ?
La désignation se fera lors de primaires ouvertes de l'écologie en 2011. La candidature d'Eva a reçu un accueil chaleureux de la part de nombreux militants, par son parcours et sa capacité à porter des solutions nouvelles. Toutefois, il y aura d'autres candidats comme le député Yves Cochet. Ce processus se déroulera dans la joie et la bonne humeur.

La loi sur les retraites va être promulguée. Avez-vous des regrets ?
Oui. Le débat s'est focalisé sur les mesures d'âge de départ à la retraite, le passage de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans. Nous, nous avons tenu un discours différent de celui des autres partis de gauche. En prenant le risque d'assumer la complexité du débat. Nous avons ainsi beaucoup insisté sur la notion de temps de la vie. Nous avons plaidé, par exemple, en faveur de l'intégration des années d'études dans le calcul de la durée de cotisation ou de l'extension au privé du processus de cessation progressive de l'activité qui existe dans la Fonction publique. Et nous avons mis l'accent sur le problème du temps partiel, notamment pour les femmes. Ceci dit, pour nous, la retraite à 60 ans n'est pas un tabou ou un totem. C'est un droit, un acquis social.

Le PS s'est-il trompé d'approche ?
Les sociaux-démocrates sont dans une situation de désarroi politique. Les solutions qu'ils ont mises en oeuvre dans la seconde moitié du XXe siècle trouvent leurs limites, notamment parce qu'elles reposent sur la croissance du produit intérieur brut. L'écologie politique propose un autre modèle de développement reposant sur l'adéquation des ressources planétaires et de la population.

Vous ne parlez plus de décroissance ?
C'est un mot qui a été utilisé pour interpeller. Nous préférons parler de conversion écologique de l'économie, c'est-à-dire, la préparation d'un programme de transition face à la crise écologique.

Le nucléaire demeure-t-il sujet majeur de divergences avec les autres partis de gauche ?
Les choses ont beaucoup évolué depuis dix ans. Il n'y a plus d'opposition frontale sur cette question à gauche. Sur le nucléaire, nous avons désormais une approche très pragmatique et très rationnelle. Nous ne disons pas que l'on va fermer toutes les centrales nucléaires à notre arrivée au pouvoir ! Nous voulons mettre en oeuvre une politique volontariste d'économies d'énergie, qui sera créatrice d'emplois durables, et engager tranquillement la sortie progressive du nucléaire à horizon de 30 ans. Nous demandons l'arrêt de la construction des deux nouveaux réacteurs EPR car le nucléaire n'est certainement pas la solution aux futurs défis énergétiques et au dérèglement climatique.

Quelle est votre position sur la réforme de la fiscalité du patrimoine annoncée par le chef de l'Etat ?
Je vais être un peu provocatrice : la fiscalité n'est pas un sujet politique, c'est juste un moyen de mettre en oeuvre des objectifs. La fiscalité doit contribuer, selon nous, à la conversion écologique de l'économie et au partage de la richesse. Nous nous inscrivons clairement dans une logique redistributrice.

Eva Joly a préconisé la semaine dernière la création d'une tranche de l'impôt sur le revenu avec un taux de 50 % pour les personnes gagnant plus de 70.000 euros par an. Qu'en pensez-vous ?
Nous avons pour objectif de réduire l'écart entre les plus riches et les plus pauvres. Or aujourd'hui plus on est riche, plus on a les moyens d'échapper à l'impôt avec les fameuses niches fiscales. Et il existe une réelle inégalité entre la fiscalité sur les revenus du capital et ceux du travail. Ce qui pénalise clairement les classes moyennes. Supprimer le bouclier et l'ISF, comme le propose une partie de la majorité, serait, selon moi, une vraie arnaque, sachant que le second représente 6 fois le premier en montant. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas réfléchir à une nouvelle forme de taxation du patrimoine.

PROPOS RECUEILLIS PAR RENAUD CZARNES ET STÉPHANE DUPONT (Les Echos)

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