Hulot,
Cohn-Bendit, Bové, Pascal Durand, mais aussi Hubert Védrine, l’UMP
Fabienne Keller ou la centriste Chantal Jouanno se sont réunis au Sénat
pour lancer le Forum des écologistes. Manquaient à l’appel NKM et
Borloo. L’idée : imposer l’écologie dans le débat public.
En plein débat sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui divise
socialistes et écologistes, l’initiative peut sembler périlleuse. Elle
a le mérite d’exister. Créer une plateforme trans-partisane, de la
gauche à la droite, de défense des thèmes écologiques. Une sorte de
lobby pro-écologie hors sol. Voilà l’ambition du « Forum des
écologistes », lancé au Sénat ce mercredi.
Du beau monde a répondu présent : l’initiateur du pacte écologique
Nicolas Hulot, Dany Cohn-Bendit, Pascal Durand, secrétaire national
d’Europe Ecologie-Les Verts – mais pas de proches de Duflot dans la
salle – Isabelle Autissier, présidente du WWF, Huber Védrine,
ex-ministre des Affaires étrangères PS, le communiste Jean-Pierre
Brard, l’ex-secrétaire d’Etat à l’écologie et sénatrice UDI Chantal
Jouanno, le Modem et ex-Vert Yann Werhling et d’autres encore. A
droite, il manque les poids lourds. Nathalie Kosciusko-Morizet s’est
faite excusée pour cause de crise à l’UMP. Elle a été remplacée par la
sénatrice UMP Fabienne Keller. Jean-Louis Borloo, d’abord annoncé,
n’est finalement pas venu. Le député PS du Gers, Philippe Martin, a
quant à lui fait le déplacement, même si ce « mélange avec la droite »
n’est pas sa « tasse de thé ».
Chez les écologistes, c’est toujours un peu compliqué. Même pour
s’asseoir. « Il y a des noms sur les sièges, mais installez-vous à la
bonne franquette. C’est mieux, vue le bordel ambiant ! » rigole un
assistant parlementaire. Gaby Cohn-Bendit, le frère de Dany, chambre
Pascal Durand : « Les chaises sont très chères ici. Tu n’en casses
aucune, même si tu n’es pas d’accord ! » « Je vais essayer », grince le
secrétaire national d’EELV, connu pour être un sanguin. Pascal Durand
cherche une place. Il ne reste que le bout de table. Il se lève pour
récupérer un stylo. Cohn-Bendit l’interpelle : « Ne t’en vas pas ».
« T’inquiète, tu ne vas pas te débarrasser de moi », répond Durand.
« C’est vous qui essayez de vous débarrasser de moi ! » rigole le
député européen.
Hulot plaisante avec José Bové : « C’est un sale con ! Vous voyez
qu’on s’entend bien ». L’ex-leader de la confédération paysanne l’avait
soutenu à la primaire EELV. La campagne présidentielle est encore dans
les esprits. « Ils n’ont pas voulu de moi », rappelle avec le sourire
Nicolas Hulot. A la tribune, Daniel Cohn-Bendit envoie un Scud dont il
a le secret à Eva Joly : « EELV a fait une erreur fondamentale dans la
désignation de sa candidate qui a amené une dégradation de l’image du
parti »…
Remettre l’écologie au cœur des enjeux
Les chicayas d’Europe Ecologie-Les Verts ne sont pourtant pas le
thème du jour. L’idée, c’est d’aller plus loin. Et de défendre les
thèses écologistes. Que « le diagnostic » soit partagé par les
politiques et la population. « Nicolas Hulot avait su mettre en 2007
l’écologie au cœur de la campagne », rappelle Gaby Cohn-Bendit, « il a
manqué ensuite un moyen de rappeler ce qui avait été promis. On peut
créer une force politique qui ne va pas aux élections, mais rappelle
des choses ». « Malgré nos différences, il existe entre nous de solides
points d’accord », assure la sénatrice EELV Leila Aichi, l’une des
organisatrices de l’événement.
Nicolas Hulot pose la question : « Pourquoi est-on aussi peu
audible et pourquoi la mutation écologique n’a-t-elle pu s’engager ? »
Selon Daniel Cohn-Bendit, « le clivage gauche/droite ne veut rien dire
quand on parle d’écologie ou d’Europe. L’idée d’une plateforme
commune » permettra « de peser dans le débat ». « L’écologie est
transversale », reconnaît Pascal Durand. Mais il ajoute que
« l’écologie politique ne se construit pas non plus de manière
apolitique. Je ne crois pas que les clivages politiques soient
dépassés ».
Auberge espagnole de l’écologie ?
Si tout le monde n’est pas encore d’accord, chacun apporte sa
pierre à l’édifice. Chantal Jouanno liste quelques points d’entente :
sur la santé, les économies d’énergie, la fiscalité. L’ex-ministre UMP,
passé à l’UDI, s’étonne aujourd’hui des reproches qu’on lui a faits
après un « co-voiturage avec Gaby » Cohn-Bendit. « Il faut avoir le
courage de se rassembler sur certains dossiers. On l’a fait sur les
OGM ». Hubert Védrine défend la création « d’un PIB vert ». Par vidéo,
Stéphane Hessel assure la démarche de son soutien.
Alors début de quelque chose de sérieux ou simple « machin » non
identifié, sorte d’auberge espagnole de l’écologie ? « Ça a du sens car
à cause de la crise, tous nos partis politiques ne sont pas plus
atteints par la flamme de la transition écologique », souligne le
député PS Philippe Martin, qui n’hésite pas à viser son propre parti :
« C’est le cas du PS, comme des autres ». Et François Hollande ? « Lors
de la conférence environnementale, on a eu une discussion qui a ravivé
cette flamme. Mais nous sommes confrontés à des visions qui viendraient
à dire que l’écologie serait un frein au développement économique ».
Daniel Cohn-Bendit aimerait que les participants se revoient « à rythme
régulier ». Le forum des écologistes jouerait le rôle de piqure de
rappel aux pouvoirs en place. Mais pour cela, souligne l’ancien leader
de mai 68, il faut déjà « essayer de définir la plateforme écologique »
commune. Pas gagné. Mais en 1968, à Nanterre, ne demandait-on pas
l’impossible ?
Public Sénat
Préviens-moi, si un jour vous souhaitez organiser une telle réunion dans le gers ;-)
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