Ainsi Philippe Martin, député (PS) du Gers et vice-président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale, a-t-il été chargé par son président, Bruno Le Roux, d'"harmoniser" les relations avec les autres groupes de gauche. "Il faut être un peu plus ambitieux dans le souhait de faire vivre cette gauche parlementaire", reconnaît celui qui se définit comme "un agent de liaison".
L'avantage du député du Gers, avec sa faconde gasconne et son humour décalé, c'est qu'il passe bien. Versé sur les questions environnementales, il est apprécié des écologistes. Avec le chef de file des députés communistes, André Chassaigne, il a mené quelques combats communs, notamment sur les OGM. Avec les radicaux de gauche, il y a moins d'atomes crochus mais il n'y a pas, non plus, de cadavres dans les placards. Reste à trouver du grain à moudre en cette période de disette.
"Mettre de l'huile dans les rouages"
Philippe Martin s'est entretenu, depuis la mi-novembre, avec chacun des présidents des groupes de gauche. "Il vaut mieux entendre les demandes et les récriminations des autres groupes avant qu'elles ne s'accumulent, convient-il. Une majorité, c'est aussi parfois entaché de petites vexations, de petites incompréhensions qui finissent par créer un climat."
Depuis le début de la législature, en effet, les relations ont plutôt tendance à virer à l'amer. "Cette majorité est pluraliste, même si Bruno Le Roux ne le conçoit pas de cette manière", soulignait récemment avec une certaine acrimonie Roger-Gérard Schwartzenberg, le président (PRG) du groupe RRDP. Dissiper, donc, les malentendus, "mettre de l'huile dans les rouages", même si, sur les questions politiques, les arbitrages se font à plus haut niveau.
La vie parlementaire est ainsi faite de tout petit riens : prendre garde à une "intelligente" répartition des présidences et coprésidences des groupes d'étude et des groupes d'amitié; gérer en amont les textes soumis à la discussion à l'occasion des "niches" dont disposent les groupes, afin d'éviter les peaux de banane ; veiller à l'attribution de rapports et de missions parlementaires en fonction des souhaits émis par les partenaires. Ce qui n'est pas toujours chose simple.
"Hégémonisme"
Les écologistes avaient ainsi fait savoir de manière insistante que Noël Mamère, le maire de Bègles et député de la Gironde, était candidat à la fonction de rapporteur pour avis du projet de loi sur le mariage pour les couples de même sexe. Mais la promesse en avait déjà été faite à Marie-Françoise Clergeau, députée (PS) de Loire-Atlantique, elle-même très engagée sur le sujet. Le refus opposé à M. Mamère n'a pas arrangé son exaspération vis-à-vis des socialistes. En sens inverse, satisfaire les demandes des uns peut conduire à décevoir les siens.
En dépit de ces efforts de conciliation, les partenaires du PS ne sont pas avares de reproches au regard de son "hégémonisme". Il est vrai que le résultat se juge, d'abord, sur la possibilité qu'ont les groupes minoritaires de gauche de faire accepter quelques-unes e leurs propositions. Et, là, ça coince, le chat est maigre. Peu d'amendements écolos, radicaux de gauche et encore moins Front de gauche ont réussi à échapper à l'inéluctable sentence de l'avis défavorable. Le gouvernement, s'il veut se laisser une – étroite – marge de négociation avec ses alliés, préfère la réserver au Sénat, où la majorité sénatoriale est si ténue qu'il est à la merci de la moindre défection. D'où une frustration de plus en plus manifeste sur les bancs de l'Assemblée.
Pas sûr, dans ces conditions, que les petites attentions de Philippe Martin suffisent à réparer les accrocs dans le tissu majoritaire. Peut-être peuvent-elles éviter, au moins, qu'ils ne se transforment en déchirures.
Source Le Monde 14.12.12
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