Difficile de cacher un profond sentiment de déception. Difficile de ne pas éprouver l'impression d'un échec aux conséquences graves pour ce qui devait être au cœur de la conférence de l'ONU réunie depuis deux semaines à Copenhague, et qui s'est achevée le samedi 19 décembre: la lutte contre le réchauffement climatique – rien de moins, en somme, que la préservation de l'état de la planète pour les générations futures.
Mais telle est bien la réaction dominante en Europe – celle d'un ratage pour les pessimistes, d'un demi-ratage pour les optimistes –, alors que les quelque 192 pays réunis à Copenhague devaient encore recevoir, en assemblée plénière, un texte a minima concocté par une vingtaine d'entre eux.
Le diagnostic est vite établi. En négatif. Ce texte ne reprend pas l'objectif global, que s'était fixé la conférence, d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre, jugées responsables du réchauffement, de 50% d'ici à 2050, par rapport à leur niveau de 1990. De l'avis majoritaire des experts, seul ce niveau de baisse des émissions de CO2 serait en mesure de maintenir en deçà de 2% le réchauffement de la planète d'ici à 2050. Or, au-delà de 2%, les conséquences risquent d'être dévastatrices…
Le texte se borne à enregistrer l'engagement individuel des Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. On est dans la bonne volonté et la déclaration d'intention, pas dans un document précis et contraignant. Le texte ne reprend d'ailleurs pas l'idée d'une organisation mondiale de l'environnement chargée d'assurer un minimum de contrôle des dégagements de CO2.
Que s'est-il passé? L'Europe défendait des objectifs ambitieux qu'elle n'a pas su, pas pu, faire partager. Elle a été marginalisée face à une coalition qui témoigne de la répartition du pouvoir politique dans le monde d'aujourd'hui: les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud. La Chine est au cœur de l'échec de Copenhague. Pour des raisons de compétitivité économique, Pékin ne veut pas imposer à ses industriels des normes environnementales trop restrictives. Mais, beaucoup plus encore, la Chine ne supporte pas l'idée d'un contrôle international chez elle.
Dans le monde d'aujourd'hui, sur des questions de l'ampleur de celles du climat, s'il n'y a pas au préalable un accord entre la Chine et les Etats-Unis – le fameux G2 –, il ne se passe pas grand-chose. Et encore moins s'il faut décider à 192, procédure onusienne inapplicable et totalement inadaptée, comme l'a montré l'étonnante foire d'empoigne qui vient de s'achever à Copenhague.
Le Monde
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