mercredi 12 décembre 2012

Quand la planète écolo tente de dépasser «le clivage gauche/droite»

Hulot, Cohn-Bendit, Bové, Pascal Durand, mais aussi Hubert Védrine, l’UMP Fabienne Keller ou la centriste Chantal Jouanno se sont réunis au Sénat pour lancer le Forum des écologistes. Manquaient à l’appel NKM et Borloo. L’idée : imposer l’écologie dans le débat public.
En plein débat sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui divise socialistes et écologistes, l’initiative peut sembler périlleuse. Elle a le mérite d’exister. Créer une plateforme trans-partisane, de la gauche à la droite, de défense des thèmes écologiques. Une sorte de lobby pro-écologie hors sol. Voilà l’ambition du « Forum des écologistes », lancé au Sénat ce mercredi.
Du beau monde a répondu présent : l’initiateur du pacte écologique Nicolas Hulot, Dany Cohn-Bendit, Pascal Durand, secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts – mais pas de proches de Duflot dans la salle – Isabelle Autissier, présidente du WWF, Huber Védrine, ex-ministre des Affaires étrangères PS, le communiste Jean-Pierre Brard, l’ex-secrétaire d’Etat à l’écologie et sénatrice UDI Chantal Jouanno, le Modem et ex-Vert Yann Werhling et d’autres encore. A droite, il manque les poids lourds. Nathalie Kosciusko-Morizet s’est faite excusée pour cause de crise à l’UMP. Elle a été remplacée par la sénatrice UMP Fabienne Keller. Jean-Louis Borloo, d’abord annoncé, n’est finalement pas venu. Le député PS du Gers, Philippe Martin, a quant à lui fait le déplacement, même si ce « mélange avec la droite » n’est pas sa « tasse de thé ».

Chez les écologistes, c’est toujours un peu compliqué. Même pour s’asseoir. « Il y a des noms sur les sièges, mais installez-vous à la bonne franquette. C’est mieux, vue le bordel ambiant ! » rigole un assistant parlementaire. Gaby Cohn-Bendit, le frère de Dany, chambre Pascal Durand : « Les chaises sont très chères ici. Tu n’en casses aucune, même si tu n’es pas d’accord ! » « Je vais essayer », grince le secrétaire national d’EELV, connu pour être un sanguin. Pascal Durand cherche une place. Il ne reste que le bout de table. Il se lève pour récupérer un stylo. Cohn-Bendit l’interpelle : « Ne t’en vas pas ». « T’inquiète, tu ne vas pas te débarrasser de moi », répond Durand. « C’est vous qui essayez de vous débarrasser de moi ! » rigole le député européen.
Hulot plaisante avec José Bové : « C’est un sale con ! Vous voyez qu’on s’entend bien ». L’ex-leader de la confédération paysanne l’avait soutenu à la primaire EELV. La campagne présidentielle est encore dans les esprits. « Ils n’ont pas voulu de moi », rappelle avec le sourire Nicolas Hulot. A la tribune, Daniel Cohn-Bendit envoie un Scud dont il a le secret à Eva Joly : « EELV a fait une erreur fondamentale dans la désignation de sa candidate qui a amené une dégradation de l’image du parti »…

Remettre l’écologie au cœur des enjeux

Les chicayas d’Europe Ecologie-Les Verts ne sont pourtant pas le thème du jour. L’idée, c’est d’aller plus loin. Et de défendre les thèses écologistes. Que « le diagnostic » soit partagé par les politiques et la population. « Nicolas Hulot avait su mettre en 2007 l’écologie au cœur de la campagne », rappelle Gaby Cohn-Bendit, « il a manqué ensuite un moyen de rappeler ce qui avait été promis. On peut créer une force politique qui ne va pas aux élections, mais rappelle des choses ». « Malgré nos différences, il existe entre nous de solides points d’accord », assure la sénatrice EELV Leila Aichi, l’une des organisatrices de l’événement.
Nicolas Hulot pose la question : « Pourquoi est-on aussi peu audible et pourquoi la mutation écologique n’a-t-elle pu s’engager ? » Selon Daniel Cohn-Bendit, « le clivage gauche/droite ne veut rien dire quand on parle d’écologie ou d’Europe. L’idée d’une plateforme commune » permettra « de peser dans le débat ». « L’écologie est transversale », reconnaît Pascal Durand. Mais il ajoute que « l’écologie politique ne se construit pas non plus de manière apolitique. Je ne crois pas que les clivages politiques soient dépassés ».

Auberge espagnole de l’écologie ?

Si tout le monde n’est pas encore d’accord, chacun apporte sa pierre à l’édifice. Chantal Jouanno liste quelques points d’entente : sur la santé, les économies d’énergie, la fiscalité. L’ex-ministre UMP, passé à l’UDI, s’étonne aujourd’hui des reproches qu’on lui a faits après un « co-voiturage avec Gaby » Cohn-Bendit. « Il faut avoir le courage de se rassembler sur certains dossiers. On l’a fait sur les OGM ». Hubert Védrine défend la création « d’un PIB vert ». Par vidéo, Stéphane Hessel assure la démarche de son soutien.
Alors début de quelque chose de sérieux ou simple « machin » non identifié, sorte d’auberge espagnole de l’écologie ? « Ça a du sens car à cause de la crise, tous nos partis politiques ne sont pas plus atteints par la flamme de la transition écologique », souligne le député PS Philippe Martin, qui n’hésite pas à viser son propre parti : « C’est le cas du PS, comme des autres ». Et François Hollande ? « Lors de la conférence environnementale, on a eu une discussion qui a ravivé cette flamme. Mais nous sommes confrontés à des visions qui viendraient à dire que l’écologie serait un frein au développement économique ». Daniel Cohn-Bendit aimerait que les participants se revoient « à rythme régulier ». Le forum des écologistes jouerait le rôle de piqure de rappel aux pouvoirs en place. Mais pour cela, souligne l’ancien leader de mai 68, il faut déjà « essayer de définir la plateforme écologique » commune. Pas gagné. Mais en 1968, à Nanterre, ne demandait-on pas l’impossible ?
Public Sénat

1 commentaire:

  1. Préviens-moi, si un jour vous souhaitez organiser une telle réunion dans le gers ;-)

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