samedi 10 novembre 2012

Valls vient de manquer son rendez-vous avec l'Histoire


Cécile Saint-Martin. Aujourd'hui, nous n'avons que six conseillers municipaux EELV élus (deux à Anglet, deux à Hendaye, deux à Boucau) dans les communes et une conseillère régionale (Alice Leiciagueçahar). Forcément, nous espérons faire mieux lors des prochaines municipales. Mais l'essentiel est de peser sur le débat et de porter nos idées sur le terrain. Ici plus qu'ailleurs, on sent une implication de nouveaux militants venus de la société civile, c'est une bonne nouvelle.
Quelle est votre réaction suite à l'arrestation d'Aurore Martin ?
Ce qui se passe avec le MAE, tel qu'il est appliqué dans le cas d'Aurore Martin, est une rupture de confiance très importante, de l'ordre de la trahison. Cette rupture de confiance ne blesse pas que les citoyens, elle porte un coup au processus de paix, ce qui est extrêmement grave. EELV participe au processus en la personne d'Alice Leiciagueçahar (qui est aussi conseillère régionale), qui participe à Bake Bidea, « le chemin de la paix ». L'arrestation d'Aurore Martin, qui participe elle aussi à ce processus de paix, est un signal désastreux, et surtout incompréhensible, de la part des deux gouvernements. Dans le moment historique que le Pays basque est en train de vivre, avec la mise en place du processus de paix suite à la conférence d'Aiete il y a un an, le ministre de l'Intérieur s'est trompé de combat. Il y aurait eu de la dignité à écouter la parole du Pays basque, et de la grandeur à se présenter en médiateur possible. Mais en restant sur une posture répressive sourde et aveugle, monsieur Valls a manqué son rendez-vous avec l'histoire.
EELV défend le projet de création d'une collectivité spécifique Pays basque. Comment avez-vous réagi aux propos du ministre de l'Intérieur qui est contre cette demande ?
Je suis atterrée par l'amalgame fait entre la collectivité Pays basque et ETA dans une interview donnée en Espagne. On se demande à quel gouvernement il appartient. Dans le meilleur des cas, c'est une méconnaissance totale du dossier, dans le pire, c'est un mépris des citoyens et des élus qui s'investissent depuis des années sur ce dossier. Quoi qu'il en soit, Manuel Valls n'a pas mis fin au débat. Et je reste persuadée que la collectivité spécifique permettrait de répondre aux questions majeures sur le transport, le logement, l'agriculture ou l'aménagement du territoire.
Cet épisode a semblé creusé un peu plus le fossé entre Basques et Béarnais.
Le Pays basque et le Béarn n'ont pas la même histoire. J'ai l'impression que les Béarnais pensent moins « Béarn » que nous, nous pensons « Pays basque ». Mais le processus est trop avancé pour qu'on puisse revenir en arrière. Je ne doute pas un instant que cette collectivité verra le jour, c'est le sens de l'Histoire.
En quoi la collectivité pourrait apporter des solutions sur le domaine du logement par exemple ?
C'est difficile d'appliquer des mesures pertinentes sur l'ensemble du territoire. La situation du logement n'est pas la même à Paris que sur la Côte basque par exemple. Dans le cadre d'une gestion territoriale, l'accent pourrait être mis sur la construction des logements sociaux qui fait cruellement défaut ici au regard du nombre exagéré des résidences secondaires. Les logements sociaux permettent aussi de dynamiser le territoire en attirant des jeunes couples. Une bonne solution quand on sait que la population est vieillissante.
Quelle est votre position sur la légalisation du cannabis ?
Le débat ne doit pas être moral. C'est une question de santé publique. Si la légalisation permet de lutter contre les trafics et les inégalités des territoires et qu'il améliore la prévention, comme cela existe aujourd'hui pour le tabac ou l'alcool, alors je suis pour. C'est une pratique sociale très répandue, plus de 4 millions de français déclarent consommer du cannabis. C'est à l'État de s'adapter. Au Portugal, au Pays-Bas, en Australie, la consommation n'a pas augmenté avec la légalisation.
Sud Ouest

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