jeudi 1 novembre 2012

Le grand Bond en avant

Par Jean- Christophe Buisson
Cinquante ans, le plus bel âge de la vie? Pour James Bond, aucun doute. Une bonne décennie - voire plus - qu'on ne l'avait pas vu aussi rayonnant, efficace, drôle, séduisant, sensible et émouvant. Les scénaristes de Skyfall ont compris que c'est dans les meilleurs pots qu'on fait les meilleures soupes. Surtout celle aux Broccoli (producteurs de la série des James Bond de père en fille depuis 1962). Ils ont donc, avec raison et succès, repris les ingrédients classiques d'une recette éprouvée :
- une séquence d'ouverture époustouflante avec fusillades nourries; course-poursuite échevelée en voiture (Audi vs Range Rover) dans les rues d'Istanbul, puis en moto sur les étroits toits ottomans du Grand Bazar; bagarre spectaculaire dur un train s'achevant par la mort de 007 (une mort éphémère, bien entendu; un type qui a survécu à la fin de la guerre froide, trois mariages, la retraite de Sean Connery ou l'arrivée sur le marché de l'espion pêchu Jason Bourne ne meurt jamais vraiment);
- un héros fatigué, sombrant dans l'alcool, le découragement et le cynisme avant de relever la tête et de reprendre du service (secret);
- une James Bond woman (Bérénice Lim Marlohe) d'autant plus convaincante qu'on la voit peu; 
- tout plein de voyages exotiques en Orient moyen (Turquie) ou extrême (Macao et ses casinos, Shanghaï et ses bandits fourbes et cruels), mais aussi dans les entrailles de Londres et les landes herbues d'Ecosse (berceau familial de Bond);
- une nostalgie de bon aloi avec mille clins d'oeil au passé, le retour en fanfaron d'un Q rajeuni, un recours à la panoplie de référence de 007 (Walter PPK et Aston Martin), ect.
Ajoutez à cela une pincée de vrai drame psychologique, de substantielles rasades d'humour, deux grands comédiens(Daniel Craig et Javier Bardem en bandit pas manchot et psychiquement bien atteint, façon Anthony Perkins dans Psychose), une photographie sublime (Roger Deakins) et nous voilà réconcilié avec une franchise que vous croyiez agonisante. Bond est vraiment éternel.

Post-filmum : dire à une fille "Je fais plein de choses à l'ancienne" pour la mettre dans son lit, il n'y a que Bond pour oser le faire. Et réussir son coup!

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