Le jour de la Fête de l'Arbre à Duran (Grand Auch Agglo), Serge Moscovici nous quitte ...
Né en 1925 en Roumanie, Serge Moscovici est le principal théoricien de l’écologie politique. Arrivé en France en 1948 après avoir survécu aux persécutions antisémites dans son pays, il suit les cours de psychologie et de sociologie. Afin de payer ses études universitaires, il travaille comme ouvrier ajusteur en usine, confectionneur en atelier, ingénieur… Dès qu’il a du temps libre, il fréquente Saint-Germain-des-Prés où il se lie d’amitié avec Paul Celan. Cette jeunesse très active et des journées lourdement chargées ne l’empêchent pas de devenir enseignant à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, à Princeton, New-York, Louvain et Genève. Son champ d’étude porte sur un domaine méconnu, la psychologie sociale, d’où il publiera deux essais majeursPsychologie des minorités actives (1979) et L’Âge des foules (1981).
Dès le début des années 1960, en collaboration avec le bouillant ethnologue Robert Jaulin, grand contempteur de la modernité occidentale et défenseur zélé des peuples indigènes, Serge Moscovici développe un naturalisme contestataire qui s’appellera rapidement le “ naturalisme subversif ” (entendu ici au sens de “ contre-culture ”). Il refuse l’opposition entre la Nature et la Société qu’il juge contestable et infondée. Il estime qu’il existe des sociétés animales et que la société humaine s’est construite dans le milieu naturel. Il penche plutôt pour une continuité et une interaction entre la nature et la culture. Il arrive à considérer que les engrais chimiques agricoles participent aux processus naturels. Dans cette perspective, le paysan est un élément déterminant des écosystèmes. Par son travail incessant, il met en forme la nature et organise les paysages.
Défenseur de toutes les minorités, Serge Moscovici en vient à établir un parallèle entre la disparition des Amérindiens et celle des paysans européens, disparitions qu’il déplore et dont il accuse la société industrielle. Contre la logique de la réification de tout dans une orientation marchande, Moscovici propose “ le réenchantement du monde ”.
Candidat écologiste aux élections municipales en 1977 et européennes en 1984, il voit dans les militants écologistes “ les seuls à former un mouvement existentialiste. On s’occupe de l’existence des gens ”. Dans son esprit, “ le mouvement écologiste est moins un mouvement social, économique, qu’un mouvement “ anthropologique ”, c’est-à-dire qu’il s’adresse à des groupes qui ont un certain enracinement dans un certain territoire, à des groupes qui n’ont pas une expression directe sur le plan social ou économique, comme les femmes et les jeunes ”. Ses écrits ont fortement influencé à la fin des années 1970 les Amis de la Terre, Brice Lalonde et Dominique Voynet, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement de 1997 à 2001.
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