lundi 30 mai 2011

En Espagne, la leçon de "los indignados"

Les élections municipales et une partie des régionales (la Catalogne, le Pays Basque, la Galice et l’Andalousie n’étant pas concernées par les régionales) ont eu lieu ce dimanche. Même si les résultats sont difficilement transposables au niveau national, on peut dégager certaines tendances claires.



  1. Résultats généraux : les dynamiques du PP et du PSOE
    En premier lieu, force est de constater la victoire du parti conservateur (le PPE) qui obtient 37,55% des voix, soit 10 points de plus que le PSOE. Il s’agit donc d’une défaite majeure pour le gouvernement Zapatero
    Ces résultats renforcent l’idée selon laquelle un changement de majorité devrait intervenir lors des élections législatives de 2012, le PP ayant profité pour demander des élections anticipées, ce que le PSOE a refusé.
    Le PP a conservé ses principaux bastions (Valence, Madrid, Murcie ou Castille-Leon), a récupéré les Iles Baléares et a gagné certaines régions traditionnellement de gauche (Castille-La Manche, Asturies et Estrémadure). En Andalousie, le fief du PSOE, le PP a gagné plusieurs municipalités (Séville, Cordoue, Grenade), et la majorité pourrait basculer lors des élections régionales de 2012.


  2. Résultats dans le Pays Basque : la surprise Bildu
    Bien que les élections n’aient pas concerné la Communauté Autonome Basque on peut tirer quelques leçons des scrutins municipal et provincial :
    La coalition Bildu est arrivée en seconde position avec près de 25% des voix, étant la première en nombre de conseillers élus, devant le PNV.
    Bildu est particulièrement fort dans la province du Guipuzkoa et dans la ville de Saint-Sébastien, où il arrive en tête. Ces résultats constituent une étape importante pour une solution démocratique au conflit basque.
    Aucun des partis n’est en mesure de contester la percée démocratique de Bildu, bien au-delà des espérances et des sondages. Le PSOE et le PP font des résultats très mitigés dans la région.

    Pour plus d'informations : http://catherinegreze.eu/blog/?tag=pays-basque



  3. Les alternatives au bipartisme
    Au niveau national, la Gauche Unie (Izquierda Unida) a progressé de 5,54% à 6,31%. Toutefois, cette progression semble faible compte tenu du manque de crédibilité du PP et du PSOE à l’heure actuelle. Il semble que les citoyens ne croient pas en IU comme vraie alternative.
    La perspective d’un parti centriste semble émerger avec le UPyD (crée en 2007 par une dissidente socialiste), qui obtient près d’un demi million de votes, soit 2%. Un bon nombre d’électeurs refusent le bipartisme et semblent espérer l’émergence d’une alternative crédible.


  4. Résultats des forces vertes en Espagne
    Si l’on exclut Catalogne et Valence, les résultats sont moyens et dépassent difficilement les 1% dans les autres régions. Seules deux villes ont un élu vert (Huelva et Palma de Majorque) L’ensemble des votes verts est estimé à un demi million à l’échelle nationale, bien que cette estimation soit difficile du fait de la diversité des listes et des nombreuses coalitions avec les autres partis.


  5. Perspectives pour le futur parti Vert espagnol
    Avec des candidatures dispersées et sans vrai débat national au niveau des médias, ces élections n’étaient pas propices à l’émergence d’un parti vert.
    La seule initiative de rassemblement a été celle de Cordinadora Verde – qui mène avec la fondation EQUO un travail de rassemblement des partis verts régionaux - a été la création d’un « label écolo » pour les différentes candidatures vertes. Ce label s’est avéré utile au niveau local mais n’a eu que peu d’impact au niveau national.
    La complexité de ces élections et le manque de ressources dont elle dispose ont poussé EQUO à se concentrer davantage sur les prochaines élections législatives, où le mouvement veut créer la surprise. Ces élections ont été l’occasion pour EQUO non seulement de soutenir certaines candidatures mais aussi et surtout de promouvoir le mouvement sur l’ensemble du territoire espagnol.


  6. De l’espoir dans certaines régions, malgré l’hégémonie de la droite
    Dans la région de Valence, la coalition Compromis (composée de trois partis, dont deux partis verts) a obtenu 7%, soit 3 sièges pour les verts en région. Les autres listes vertes ont obtenu 10 sièges, notamment dans la région d’Alicante, et représentent près de 1% de votes verts de plus.
    Dans les îles Baléares et plus particulièrement à Majorque, où le parti de coalition IniciativaVerds participait pour la première fois, il a obtenu 1 siège à Palma de Majorque, 1 siège au Conseil Insulaire ainsi qu’un député au Parlement Régional des Baléares.
    Malheureusement, aussi bien à Valence que dans les Baléares, mais aussi dans les Asturies, les élus verts seront dans l’opposition.


  7. Les effets contrastés du mouvement du 15 mai
    Les conséquences du mouvement de protestation sociale, ou mouvement du 15 mai, sur les élections sont très difficiles à évaluer du fait de l’hétérogénéité du mouvement, divisé entre ceux qui prônaient le boycott des élections et ceux qui défendaient le vote comme moyen d’expression de la contestation.
    Au final, si la participation a été supérieure (66% au lieu de 63%), le nombre de votes blancs et nuls a lui aussi augmenté.
    Il appartient au futur parti Vert espagnol de s’approprier l’esprit (et probablement les votes) de ce mouvement d’ici les prochaines élections. EQUO a été particulièrement impliqué et visible dans les mouvements de Puerta del Sol à Madrid.


  8. Les résultats en Catalogne
    Conformément à la tendance nationale, le parti de droite CIU (Convergencia i Unio) a renforcé sa position. Le symbole de ce changement est la ville Barcelone, où la droite a obtenu la majorité.
    Esquerra Republicana per Catalunya (ERC, Régionalistes membres du groupe Les Verts / ALE au Parlement) réunit près de 8,98% des votes en Catalogne. ERC perd des voix à Barcelone et dans son aire métropolitaine ainsi que dans trois provinces : Gerona, Lleida et Tarragone. Le groupe estime que ces résultats sont dus à la fragmentation de la gauche locale, la forte tendance nationale et enfin le vote-sanction.
    Dans un contexte de défaite de la gauche, la coalition entre les Verts Catalans (ICV) et la Gauche Unie de Catalogne (ICV-EUiA) obtient un score satisfaisant, avec 8,34% des voix. Il semble qu’ICV ait réussi à capter en partie les votes de mécontentement contre les gouvernements national et régional en place.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire